L'Esprit de l'escalier
Pages : 240p.
Isbn : 9782213644363
Fayard, collection Alter Ego
Résumé
Dans ce roman, le réalisateur franco-chilien s'amuse à se glisser dans la peau de Flanders, dit le Belge, membre des agathopèdes, groupe de dandys belges du milieu du XIXe siècle. Ces prédadaïstes consacraient leur vie à faire des canulars et des faux et avaient mis aux enchères des ouvrages imaginaires. Ce Flanders, mort en 1850, est ressuscité par des spirites du XXIe siècle.
Quatrième de couverture
« Oui, au début ça avait l'air facile : « Vous allez nous inventer une vie », toute une vie. Au fond, on me demandait de m'inventer. Une nouvelle vie. J'avais l'embarras du choix... Je pouvais raconter ma vie d'empereur de Chine. Ou de légionnaire romain, de bandit catalan, que sais-je ! Au fond, j'ai eu de la chance : j'ai réinventé ma propre vie, juste avec un léger décalage. Je ne pouvais pas savoir que cette vie-là, j'allais la vivre. Pour de vrai ! Que la mort par moi racontée, je devrais la subir. Littéralement (si j'ose dire). »
R.R.
L'esprit de l'escalier est un hymne à l'imaginaire, ayant valeur de testament. Raúl Ruiz y a mis la toute dernière main quelques jours avant sa mort. Qu'il ait pris un revenant pour alter ego prend une signification particulière, même si le thème du spectre est récurrent dans son oeuvre cinématographique. Le fantastique facétieux, le nonsense ironique, le burlesque déstabilisant nous sont libération. Désarmés par mie insolite poésie, nous assumons enfin avec humour de n'être jamais qu'apparitions.
Jean-Luc Moreau
La coutume s'était instaurée d'exiger toujours des plus jeunes étudiants un genre particulier de dissertation ou d'exercice de style qu'on appela cuniculum vitae : c'était une autobiographie fictive, située à une époque quelconque du passé. On s'entraînait ainsi à pénétrer précautionneusement dans des cultures, des époques et des pays du passé, on apprenait à considérer sa propre personne comme un travesti, comme l'habit précaire d'une entéléchie. Hermann Hesse, Le jeu des perles de verre.
1943. Des cendres de l'esprit européen, Hermann Hesse fait naître un curieux phoenix : une province entièrement vouée à l'étude nommée Castalie. Le culte de l'excellence intellectuelle y recommande la rédaction d'autobiographies fictionnelles. Comme si l'ultime perfectionnement nécessitait de se faire faux bond, pour rejoindre tel ou tel de ses possibles avatars. Au coeur de la collection Alter Ego se place le pari de Hermann Hesse. Les plus belles trajectoires, les grandes forces créatrices peuvent gagner à faire un pas de côté. Alter Ego veut offrir à des écrivains cette aventure de l'autobiographie fictive comme une équipée littéraire tout aussi exotique qu'intime. Un voyage par l'altérité pour atteindre les seules frontières qui pourraient paraître lointaines aux auteurs, celles dessinées par les contours de leur propre oeuvre.
Extrait : « Je veux dire que cette chose-là… la pensée… je n’ai pas ça en moi. A la place, il y a des rugosités de l’esprit. Des pelures d’oignon, tout au plus, correspondant à des états d’âme. Enfin, quelque chose de ce genre.
- Oui, je te comprends, dit-il, je suis comme toi, je me laisse aller, je flotte dans l’air. » (p. 38)