Le Cinéma de Raoul Ruiz
Ce jour-là
long métrage fiction 35mm France, Suisse (2002) Date de sortie : 04 juin 2003 1h 45min.
Autre titre :
Réalisé par : Raoul Ruiz
Avec :
Bernard Giraudeau, Elsa Zylberstein, Jean-Luc Bideau, Michel Piccoli, Rufus, Féodor Atkine, Jean-François Balmer, Christian Vadim, Edith Scob, Hélène Surgère, Laurent Malet, Jacques Denis, Laurence Février, Jean-Michel Portal, Jean Baptiste Puech, Matthias Urban, Macha Beranger, Gilles Sionnet, Alice Schneider, Antonin Chambon, Victor Loukianenko (non-crédité)
Synopsis :
Livia, riche héritière fantasque, est la cible d'un complot de sa famille pour récupérer le magot. L'Etat fait évader de l'asile Emile Poinpoirot pour accomplir la sale besogne. Mais ces deux êtres un peu instables et originaux vont se comprendre.
Scénario : Raoul Ruiz
Bernard Pautrat, Raoul Ruiz
Montage : Valeria Sarmiento
D'après :
Production :
Gémini Films, France Light Night , Suisse, France 3 Cinéma, Télévision Suisse Romande
Directeur de la production : Paulo Branco, Particia Plattner, Nicolas Picard
Image :
Acacio de Almeida
Son :
Henri Maikoff, Georges-Henri Mauchant, Béatrice Clérico
Musique : Jorge Arriagada
1er assistant :
Gilles Sionnet, Julie Duhayot, Valérie Vannucci-Perret
Costumes :
Claire Gérard-Hirne
Décoration :
Bruno Beaugé, Adrien Sarre
Lieu de tournage :
Distribution :
Gémini Films, France
Visa d'exploitation :
105.567
Prix, Festivals :
Festival de Cannes 2003 - Sélection Officielle, Edimbourg 2003, Montréal 2003, Prague 2003, Cabourg 2003, Prix du Meilleur Acteur pour Bernard Giraudeau, Stiges 2003, Göteborg 2004, Rotterdam 2004, San Francisco 2004Les merveilleuses folies surréalistes de Raoul Ruiz
Le Monde 17 mai 2003
Jean-François Rauger
Ce jour-là, dans la fatalité qu'induit son titre, déploie les artifices d'un théâtre de l'humour macabre, d'une pièce grinçante au cours de laquelle les cadavres s'accumulent joyeusement et inexorablement. Et, pourtant, en s'amusant délibérément à faire perdre pied au spectateur, Raoul Ruiz retrouve la veine exclusive d'un baroque surréalisant dont il s'est fait le maître. La mise en scène est à la fois somptueuse de précision et d'hétérogénéité surprenante, détruisant tout danger de théâtralité gesticulante tout en s'autorisant avec jubilation diverses gestuelles burlesques à base de courses-poursuites et de manutention de cadavres. Aux jeux sur les reflets, à l'élégante dramaturgie des espaces, succèdent des gros plans de visages en champ/contre-champ, faux modèles d'une impossible investigation psychologique, à moins que d'improbables objets en amorce de l'image (un marteau ensanglanté qui se balance, des aliments au bout d'une fourchette, une boule de billard marquée du chiffre 13) ne s'imposent à l'oeil sans raison apparente. La recherche, à la fois narrative et formelle, du sens s'épuise dans la perception d'une implacable loi des causalités devenues irrationnelles à force de rationalité apparente ou d'une détermination ramenée à une expression récurrente et commode énoncée par divers protagonistes : "C'est Dieu qui décide." Le personnage central du film est sans doute le langage lui-même, soumis à une expérimentation toute particulière. Les mots et les expressions, détachés de tout naturel ou alors à ce point collés à celui-ci qu'ils s'en excluent radicalement, vivent une vie autonome et déterminante. Du babil enfantin des deux malades mentaux aux paradoxes énoncés par les deux policiers, formidablement joués par Jean-Luc Bideau et Christian Vadim ("Crampe ? - Crampe" est appelé à devenir un véritable gimmick), c'est le bavardage qui, souvent, donne une tonalité ironique aux événements et aux situations. Car si celui-ci évite avec bonheur les mots d'auteur, c'est pour mieux se fondre, au contraire, dans une banalité étrange, une bizarrerie familière. S'y exprime souvent une fausse logique s'incarnant dans une succession d'énoncés inoubliables. "Je ne comprends rien. Je suis trop dedans. Contemporain, vous dis-je", se plaint le commissaire de police censé comprendre les raisons de l'évasion du malade mental. "Cette fois-ci, c'est pas moi", geint l'assassin, à qui une crise cardiaque vient de ravir une de ses futures victimes. L'aspect le plus miraculeux du film est sans doute la manière dont les personnages, pourtant supposés incarner des figures échappant aux conventions psychologiques, atteignent un poids concret d'humanité et de sensualité, de drôlerie et d'émotion tangible.
Ce jour-là, dans la fatalité qu'induit son titre, déploie les artifices d'un théâtre de l'humour macabre, d'une pièce grinçante au cours de laquelle les cadavres s'accumulent joyeusement et inexorablement. Et, pourtant, en s'amusant délibérément à faire perdre pied au spectateur, Raoul Ruiz retrouve la veine exclusive d'un baroque surréalisant dont il s'est fait le maître. La mise en scène est à la fois somptueuse de précision et d'hétérogénéité surprenante, détruisant tout danger de théâtralité gesticulante tout en s'autorisant avec jubilation diverses gestuelles burlesques à base de courses-poursuites et de manutention de cadavres. Aux jeux sur les reflets, à l'élégante dramaturgie des espaces, succèdent des gros plans de visages en champ/contre-champ, faux modèles d'une impossible investigation psychologique, à moins que d'improbables objets en amorce de l'image (un marteau ensanglanté qui se balance, des aliments au bout d'une fourchette, une boule de billard marquée du chiffre 13) ne s'imposent à l'oeil sans raison apparente. La recherche, à la fois narrative et formelle, du sens s'épuise dans la perception d'une implacable loi des causalités devenues irrationnelles à force de rationalité apparente ou d'une détermination ramenée à une expression récurrente et commode énoncée par divers protagonistes : "C'est Dieu qui décide." Le personnage central du film est sans doute le langage lui-même, soumis à une expérimentation toute particulière. Les mots et les expressions, détachés de tout naturel ou alors à ce point collés à celui-ci qu'ils s'en excluent radicalement, vivent une vie autonome et déterminante. Du babil enfantin des deux malades mentaux aux paradoxes énoncés par les deux policiers, formidablement joués par Jean-Luc Bideau et Christian Vadim ("Crampe ? - Crampe" est appelé à devenir un véritable gimmick), c'est le bavardage qui, souvent, donne une tonalité ironique aux événements et aux situations. Car si celui-ci évite avec bonheur les mots d'auteur, c'est pour mieux se fondre, au contraire, dans une banalité étrange, une bizarrerie familière. S'y exprime souvent une fausse logique s'incarnant dans une succession d'énoncés inoubliables. "Je ne comprends rien. Je suis trop dedans. Contemporain, vous dis-je", se plaint le commissaire de police censé comprendre les raisons de l'évasion du malade mental. "Cette fois-ci, c'est pas moi", geint l'assassin, à qui une crise cardiaque vient de ravir une de ses futures victimes. L'aspect le plus miraculeux du film est sans doute la manière dont les personnages, pourtant supposés incarner des figures échappant aux conventions psychologiques, atteignent un poids concret d'humanité et de sensualité, de drôlerie et d'émotion tangible.
Reportage
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Cahiers du cinéma 579 2003
Les mots filent
Jean-Philippe Tessé
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DVD Ce jour-là 2003
Bonus : Du tournage au Festival de Cannes : Ce jour-là raconté par Raoul Ruiz.
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Festival de Cannes 2003
La conférence de presse (le site du Festival de Cannes ayant supprimé la conférence dans son intégralité, il ne reste qu'un extrait d'une interview perdu dans le "best of" du Festival du 15 mai 2003)
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Fiches du Cinéma 1703
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L'Humanité 2003
L'art brut selon Raoul Ruiz
Michèle Levieux
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Le Monde 2003
Les merveilleuses folies surréalistes de Raoul Ruiz
Jean-François Rauger
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Le Monde 2003
Bernard Giraudeau, acteur
Florence Colombani
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Les Inrockuptibles 392
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Libération 2003
Il m'a dit qu'il aimait ma blancheur - Elza Zylberstein
Antoine de Baecque
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Libération 2003
Le délire du «jour»
Philippe Azoury
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Libération 2000
Label excentrique
Alain Dreyfus
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Positif 509 2003
Ce jour-là, Comédie de la prescience
Michel Cieutat
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Télérama 2785 2003
Ce jour-là
Marine Landrot
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Télérama 2786 2003
Sérieusement loufoque
Pierre Murat
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Télérama 2786
Cahiers du cinéma 579 2003
Les mots filent
Jean-Philippe Tessé
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DVD Ce jour-là 2003
Bonus : Du tournage au Festival de Cannes : Ce jour-là raconté par Raoul Ruiz.
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Festival de Cannes 2003
La conférence de presse (le site du Festival de Cannes ayant supprimé la conférence dans son intégralité, il ne reste qu'un extrait d'une interview perdu dans le "best of" du Festival du 15 mai 2003)
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Fiches du Cinéma 1703
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Il m'a dit qu'il aimait ma blancheur - Elza Zylberstein
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Télérama 2786 2003
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