Le Cinéma de Raoul Ruiz
Point de fuite
Positif : La Ville des pirates sort à Paris, mais naturellement vous avez enchaîné tout de suite après. Comment se présente le film suivant, Point de fuite ?
Raoul Ruiz : Après un film d'effets visuels et de travail sur la couleur, j'avais envie de réaliser - c'est un désir très ancien - un wanderer film, un film de promenade comme en fait souvent Wim Wenders ou comme Dans la ville blanche d'Alain Tanner. J'ai pris un petit texte et on a tourné pendant un peu plus d'une semaine. C'est un film en noir et blanc avec un système de tournage très simplifié. Cela correspondait à une volonté de ma part, après les "excès" de me derniers films. D'autre part je désirais expérimenter un type de tournage correspondant à ce que j'avais lu sur la réalisation des séries B : trois décors très précis, des promenades, et des champs contrechamps pour les affrontements. Cela convenait d'autant mieux qu'ici il s'agit d'une partie de Poker entre Paulo Branco, le producteur, et un joueur professionnel, Steve Baer, un américain qui avait écrit un livre de mémoires fictionnels dont s'est inspiré Barbet Schroeder pour son dernier film, Tricheurs, qu'il a réalisé au Portugal. Comme il se trouvait encore au Portugal, je lui ait demandé de jouer dans Point de fuite qui est une sorte de My dinner with André mélangé avec des promenades, un thriller mélancolique. Tout ce que le personnage regarde dans ses balades devient fiction dans le style des romans de gare. C'est un peintre abstrait - dans le genre de De Staël - qui deviendrait illustrateur de couvertures populaires.